L’enseignement bilingue au Pays Basque : forces et fragilités

Le Conseil communautaire de la Communauté d’Agglomération Pays Basque, a adopté à l’unanimité dans sa séance du 29 juin 2019, une délibération relative à l’enseignement du basque et en basque. Cette dernière  fait à juste titre, référence au  développement de l’enseignement du basque. Développement alimenté par  la demande exprimée par les familles, développement stimulé par les énergies militantes déployées sur le terrain,  et développement structuré sur le champ institutionnel, par le travail mené au sein de l’OPLB avec l’Education Nationale. 

On note en particulier que : 

  • Sur les 233 écoles primaires du Pays basque, 156 soit les 2/3 d’entre elles, proposent aujourd’hui un enseignement bilingue, toutes filières confondues  
  • Sur les 26500 élèves de ces écoles primaires, 10600 soit 40 % d’entre eux fréquentent une de ces filières d’enseignement bilingue 
  • Sur les  15 dernières années, ce nombre d’élèves inscrits dans une filière d’enseignement du basque a  progressé de 80 %, preuve s’il en est, de la confiance croissante accordée par les familles du Pays basque à l’enseignement bilingue, sachant que la très grande majorité des parents qui font ce choix pour leurs enfants, ne sont pas eux même bilingues, contrairement à la représentation que certains peuvent encore en avoir. 

Pour autant, cette évolution encourageante pour tou-te-s celles et ceux qui croient en  l’avenir d’une société plurilingue, garantissant la vitalité de la langue basque, ne doit pas pour autant masquer les fragilités de ce système en construction. 

  • Sur le tiers des  écoles primaires, qui ne proposent  pas aujourd’hui un enseignement bilingue, on peut considérer que près de 3000 à 4000 élèves supplémentaires pourraient également en bénéficier, si l’offre était encore plus étendue. 
  • Cette offre d’enseignement peine encore  à s’organiser efficacement dans l’enseignement secondaire. A titre d’exemple, faute de volontarisme suffisant,  sur les 15 collèges publics qui proposent un enseignement bilingue, 11 d’entre eux n’atteignent pas la parité horaire pourtant  prévue par les textes réglementaires
  • Par ailleurs, confrontés  à l’épreuve des faits et de la réalité linguistique, de nombreuses équipes pédagogiques et de familles, souhaiteraient maintenant augmenter pour les plus jeunes, le temps consacré à l’enseignement  en basque afin de consolider l’apprentissage qualitatif de la langue 
  • De son côté le réseau  développé par la Fédération Seaska, dispose encore d’un potentiel de développement significatif, avec plusieurs communes de taille importante, qui ne disposent pas d’ikastola.  

Il est important d’insister sur ces points pour rappeler que la structuration de cette offre d’enseignement bilingue, se positionne encore néanmoins, en deçà de la demande potentielle ou  exprimée par les familles du Pays basque.  Cette réalité est d’autant plus importante à rappeler  que la survie de la langue basque n’est toujours pas garantie, et que tout en respectant pleinement le choix des familles qui ne souhaitent pas pour leurs enfants un enseignement bilingue, il n’est pas acceptable dans ce contexte linguistique, de ne pas répondre aux attentes  de tou-te-s celles ceux qui veulent un avenir bilingue pour leurs enfants.